Fushimi-Inari   伏見稲荷大社

Le sanctuaire au 10 000 torii

La Ro-Mon

En moins de 10 minutes de train nous sommes arrivées à destination.

De son nom complet Fushimi Inari Taisha, érigé en 711 au pied du mont Inari, est le plus grand sanctuaire shinto du Japon ! Il est dédié à Inari, initialement le kami shinto des céréales et du riz en particulier, et plus généralement aux récoltes et à la prospérité. Inari est souvent symbolisé par un renard (kitsune). Celui-ci est considéré parfois comme son messager, parfois comme la déité elle-même.

 

En face de la gare, un premier torii marque l'entrée du sanctuaire. 

Quelques mètres plus avant, un autre grand torii et une volée de marches nous emmène jusqu’à la Ro-Mon (la porte d'entrée).  Elle est gardée par deux kitsune postés de part et d'autre, avec leurs petit "tour de cou" rouge, (yodarekake - sorte de dossard votif) et qui nous observent d'un regard plongeant et scrutateur.

L'un des deux Kitsune, celui de gauche, tient dans sa gueule la clef du "grenier à riz", le second tient, entre ses mâchoires, une boule représentant l'esprit de la nourriture.

le Senbon torii

Une fois la Ro-Mon franchie, nous découvrons des bâtiments et temples qui font partie du sanctuaire, sur une large place et nous y trouverons également une carte de l'ensemble du Mont Inari pour se repérer, car c'est immense.

2012 Google Street view
2012 Google Street view

Les groupes de touristes sont nombreux, les écoles et collèges aussi. Nous ne nous attardons guère et nous nous dirigeons vers le but de notre visite : le Senbon torii : les allées de torii.

Deux entrées contiguës et similaires composées de torii relativement petits mais posés les uns contre les autres, si serrés qu'ils forment deux tunnels vermillon, s'offrent à nous !

Ce n'est pas une dizaine de torii, ni même une centaine mais environ 10 000 qui serpentent tel un immense dragon rouge le long des pentes du mont Inari ! 

Nous prendrons le "tunnel" de droite, car ma fille se souvient que la montée par celui-ci est moins abrupte que par celui de gauche....

Les torii rouges de Fushimi Inari
Les torii rouges de Fushimi Inari

Ces torii sont pour la plupart des dons faits par des particuliers, des familles ou des entreprises. Le nom des donateurs figure souvent sur les montants du torii.

Le coût d’un torii valait en août 2016 entre 175 000 et 1 302 000 yens (entre 1 400 et 10 400 euros).

 

Petit festival du feu

Notre couloir s'interrompt et débouche sur une sorte de clairière avec un petit bâtiment sur la droite, où visiblement une cérémonie se prépare.

Nous pensons à une sorte de redite du Ōhitaki-sai, festival du feu qui se déroule le 7 novembre sur la  grande place du temple central, à l'entrée de Fushimi-Inari.

Peut-être s'agit-il aujourd’hui de brûler les tablettes de prières et vœux qui n'ont pas pu l'être le jour du festival ? Ce jour-là, les prêtres brûlent plus de 100 000 tablettes... 

Nous apercevons un tas impressionnant de ces tablettes, bien rangées et attachées par paquets...

Nous hésitons : attendre la fin des préparatifs et la cérémonie elle-même ou poursuivre notre ascension du mont Inari ?

Les préparatifs risquent d'être longs... et même si nous regrettons de ne pas assister à cette cérémonie au caractère sacré et impressionnant, nous décidons de continuer.

Ascension du Mont Inari

Le long chemin de torii reprend dans la forêt. Ils sont plus espacés et la lumière des sous-bois nous accompagne désormais.

Le chemin s'interrompt encore livrant passage à des escaliers grimpant vers un espace où sont plantées des pierres avec des inscriptions : cimetière ? Lieu sacré ? Des personnes semblent prier, d'autres déposent de petits torii miniatures...

Dans la forêt les torii sont de grandeurs différentes. Certains même sont en pierre. Et toujours ces petits sentiers et marches que nous empruntons, pour découvrir de petits autels, parfois de simples offrandes posées au pied d'un arbre.

Des feuilles d'or de gingko biloba jonchent le sol...

Daruma et kitsune...
Daruma et kitsune...

Le couloir de torii monte et descend... Le temps est changeant aussi, des nuages entrecoupés de rayons de soleil furtifs.

Nous sommes désormais presque seules. Mais nous avons décidé de faire le tour complet !

Plus loin le chemin de torii longe un petit lac, plus loin encore un peintre accroché à son échelle rafraîchit le vermillon d'un torii... Des personnes font des offrandes, allument encens et bougies.

Shin Hanga de Teruhide Kato - The 1000 torii at Kyoto's Fushima Inari shrine
Shin Hanga de Teruhide Kato - The 1000 torii at Kyoto's Fushima Inari shrine

Jeux de cache cache et ascension.... avec le sourire !

Nous nous faisons régulièrement doubler par des groupes de lycéens ou collégiens en sortie éducative qui se tirent la bourre, pour arriver premier au sommet, pendant que nous jouissons de cet incroyable chance d'être là, au cœur de cet immense sanctuaire dédié à la nature. Ma fille et moi, juste nous deux, au Japon !

Au sommet du Mont Inari

De torii en torii, nous arrivons presque au "sommet" du Mont Inari, d'où un point de vue -un peu décevant- sur la ville moderne de Kyōto s'offre à nous. Petite pause. 

La plupart des visiteurs font demi-tour à ce point qu'ils pensent être le point culminant et final.

Mais en réalité, il reste encore quelques marches à grimper et quelques torii à franchir avant d'arriver au vrai sommet : c'est avant tout un lieu de prières et de recueillement : autels, petits et grands, inscriptions et objets votifs, liste des donateurs, nombreux... 

La forêt sacrée

A partir du sommet, le chemin s'enfonce plus avant dans la forêt. Plus sombre, plus secrète. Un temple siège au côté d'une grosse pierre ceinte de sa ceinture de paille de riz, qui la consacre à Inari.

Puis le sentier se perd un moment sur les flancs de la colline avant de plonger vers la vallée. 

Nous ne croisons que de très rares promeneurs. 

 

Les cryptomérias ne laissent filtrer que quelques rayons de soleil qui nous illuminent à la façon dont, dans les livres d'images pieuses on représentait la présence divine, le "doigt de Dieu"... !

Des sources jaillissent dans les mousses et cailloux et se précipitent plus bas par de long tuyaux de bambou sous le regard de déités sculptées dans la pierre.

 

Nous avons le sentiment, intense et enivrant, d'être ici dans le vrai cœur du sanctuaire dédié aux kamis de la nature, loin de la foule et des cérémonials, loin des symboles trop voyants et trop présents.

Nous accédons ici, de plein pied, à un mystère révélé par l'eau, la terre, les roche, les arbres.... le cercle naturel dont nous faisons totalement partie. Qu'on le veuille, ou non. 

A pas comptés, nous amorçons la descente.

Au bord du chemin des habitations sans prétention proposent des travaux fait main : ces torii miniatures que nous avons vus déposés dans toute la montagne, mais aussi des fruits et des légumes, des boissons... rafraîchis par l'eau des torrents canalisée et qui se déverse par de mini moulins à eau, tout en bois.

Comme à Okutama il suffit de se servir et déposer la somme affichée, dans une boite.

Temples, kamis, kitsune, yōkai et chats font bon ménage. 

Les torii, l'immense chemin des torii, n'est que le passeur du monde visible à l'invisible...

Le chemin, les escaliers, les momiji, les cryptomeria, et qui sait un kami protecteur, guident nos pas jusqu'à une maison de thé qui surplombe un trou de verdure, d'arbres et de silence.

Un thé grillé d'automne nous attend.

Nous sommes bien !

Maison de thé   茶

thé

C'est une mamie qui tient cette maison de thé, qui fait un peu boutique et surtout qui propose quelques plats simples et goûteux ! 

Nous prendrons un "oyako-don" : un bol de poulet et œufs sur du riz (littéralement parent -le poulet- et enfant -les œufs)... et surprise, au fond du bol, le "lapin de la lune" !

Le repas terminé, nous quittons après avoir remercié, notre hôtesse.

A peine avons-nous franchi le seuil pour nous fondre dans la foule qui redescend du sommet, ou qui y monte, que nous tombons sur... Shinpeï !

Etrange coïncidence que de "tomber" sur lui, alors que nous avions bien dit que nous voulions être seules aujourd’hui... Ma fille se renfrogne quelque peu, et Shimpeï semble percevoir qu'il n'est pas le bienvenu, malgré la courtoisie polie dont nous faisons preuve, malgré tout...

Il reste avec nous jusqu'en bas du sanctuaire, et prend rapidement congé.

Haori

Avant de quitter définitivement le sanctuaire, nous nous arrêtons devant un étal où une dame vend quelques kimonos et vêtements traditionnels "d'occasion".... C'est à dire, à un prix dérisoire et peut-être porté une seule fois ! Ce n'est pas courant ce genre d'échoppe !!!

Nous avons acheté là, un magnifique haori de soie noire, pour la Noël de Luc, resté dans le Lot.... 

Une Noël où, pour la première fois de notre vie (et de la sienne) notre grande fille ne sera pas avec nous, mais encore à Tōkyō, entre son travail au pub à Meguro et son petit studio de Arayakushimae ! 

Haori

Mais la journée est loin d'être terminée....  Car c'est maintenant vers deux "temples" que tout oppose, tant par le fond que la forme, que nous allons poursuivre : le Tōfuku-ji, et ... la gare de Kyōto !

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