Après la visite des deux temples ce matin, le Yasaka-Jinja et le Kennin-Ji, celui de cet après-midi, le Sanjūsangen-dō, un bento d'automne succulent mais depuis longtemps digéré, la maison du potier Kawai Kanjirō, et un délicieux chaï au bord de la Kamo-Gawa, nous ne nous attendions pas à marcher 8 km de plus pour atteindre le point d'où surgit ce faisceau laser dans la nuit : le Kiyomizu-dera !
En chemin pour le Kiyomizu-dera by night
La dernière étape, et non des moindres, est la plus épuisante : l’ascension de la colline d’Higashiyama, par la rue Matsubara-Dori, avant d'arriver à la porte principale, à deux étages d'un rouge éclatant : la porte Niō-Mon 仁王門 (porte des Deva) !
Voir carte du Kiyomizu-dera ici
Le foule se presse, les employés du Temple, en imperméable guident et expliquent à l'aide de porte voix...
C'est un peu surréaliste !
Les Deva sont des rois guerriers. Ceux-ci gardent l'entrée du sanctuaire.
A droite de la Niō Mon, la Sai-Mon, la porte de l'ouest, reconstruite en 1631, après le grand incendie de 1629. Elle s'ouvre sur le coucher du soleil et a été longtemps été considérée comme une porte d'accès au Paradis. Elle est connue comme étant un lieu sacré pour Nissokan une des pratiques de méditation pour visualiser la "Terre Pure"....
Derrière elle se dresse la pagode à trois étages (Sanju-no-to)
Partout des lampes, lampions, projecteurs, et le rayon laser qui nous a guidé jusqu'ici : le rouge et l'orange dominent la nuit !
La Porte de l'ouest (Sai-Mon) et derrière la pagode à trois étages le (Sanju-no-to)
En contrebas de cette deuxième porte, une esplanade aux lanternes de pierre, s'ouvre sur Kyoto.
Moment de calme.
Dans le prolongement, les érables aux feuilles rougissantes, pourpres et orangées embrasent le ciel.
Nous posons pour la photo souvenir... Sous l’œil critique de Shinpeï... qui nous traite de touristes et photographes amateurs ! Ce qui n'est pas sans énerver -à raison- ma fille !... Il est vrai que je le vois, depuis le début de l'après-midi se tortiller en tous sens pour prendre des photos sous des angles "originaux" avec son gros reflex de "pro"...
Mais nous assumons nos choix, ma fille et moi.
Le Kiyomizu-dera (littéralement "le temple de l'eau pure") est un complexe de temples bouddhiques et shintoïstes. A l'origine le Temple a été construit à l'époque Nara (aux environs de 800) puis détruit par un incendie et reconstruit en 1633.
Le temple tire son nom de la chute d'eau (Kiyo : pure, et Mizu : eau) qui coule en contrebas : la Otowa no taki. Les visiteurs qui boivent de cette eau, qui sourd de trois canaux sont assurés, en principe d'obtenir, santé, longévité et succès dans les études... Nous n'avons pas essayé : la file d'attente était bien trop longue.
Nous continuons notre chemin, passant devant chaque temple. Certains sont illuminés d'autres moins.
Les lanternes sont belles et les autels à prière baignent dans de doux clair-obscurs !
Moyennant une pièce de monnaie et l’enlèvement de nos chaussures, nous avons traversé dans l'obscurité totale le Zuigu-dō, nous frayant ainsi, grâce au toucher et à notre intuition un chemin jusqu'à "la matrice de Daizuigu Bosatsu", la mère du Bouddha !
Une expérience sensorielle des plus étranges qui culmine lorsque se révèle la vision inattendue d’une pierre illuminée !
C'est le centre spirituel du temple qui entend gentiment les désirs et les aspirations de chaque personne si l'on fait tourner la pierre sur elle-même ...
Puis, baignées par ces lueurs multiples, dans une aura étrange et féerique, voire mystique, nous arrivons au temple principal : le Hon-dō, dont la plateforme est soutenue par des centaines de piliers de bois, à flanc du Mont Otowa, à treize mètres au-dessus du sol et qui donne une vue impressionnante de Kyoto.
C'est par le Okuno-in, dernier temple, construit au-dessus de la chute d'eau, que nous terminons la visite nocturne de cet ensemble de temples, un des plus connus et visités de Kyōto.
Nous avons repris la Matsubara-Dori et ses innombrables commerces et échoppes qui la bordent, dans un joyeux brouhaha, et avons rejoint, au milieu d'un flot de visiteurs, la place où s'arrêtent les autobus de ville et les cars de groupes de touristes.... après un bon quart d'heure de file d'attente, et après avoir vu partir deux bus où ne serait plus entré une allumette, nous avons pu nous frayer un passage et grimper dans un bus, bondé, pour revenir vers l'immense gare de Kyōto.
Mais, comme Shinpeï voulait prendre le métro (qui pouvait également nous emmener vers notre station Nijō) car son hôtel n'était desservi par aucun autre transport en commun, nous avons encore parcouru je ne sais combien de mètres (je n'ose dire kilomètres) pour trouver le fameux métro...
Grosse déception : plus aucun métro à cette heure tardive ! Kyōto n'est pas Tōkyō.
De guerre lasse, nous avons laissé Shimpeï là, devant la station fermée, et avons rebroussé chemin vers la gare de Kyōto. Quant à lui, il a dû se débrouiller, et sans doute faire le trajet à pied ! ou en taxi....
Il a insisté pour nous revoir le lendemain, mais ma fille et moi voulions être tranquilles et entre nous pour la visite du sanctuaire Fushimi Inari, nous avons donc décliné le plus poliment possible ! Bye Bye Shinpeï !
A la gare de Kyōto nous avons pu prendre sans problème "notre" petit train local et arrivées à la station Nijō, nous sommes passées devant un "restaurant" de hamburger et, affamées que nous étions, ni une ni deux, nous nous sommes installées et avons commandé !
Rassasiées, et après encore un bon quart d'heure de marche, nous avons enfin atteint notre auberge et tant pis pour les bouchons d'oreille que nous n'avons pas eu le loisir de chercher et donc d'acheter, nous nous sommes écroulées dans nos petites alcôves !
Le Hon-dō du Kyomizu-Dera ainsi que la pagode à trois étages ont inspiré de nombreux artistes, dans des styles différents. L'automne et le printemps sont les deux saisons qu'ils ont privilégiés pour représenter le temple Kiyomizu-dera, mais également les journées de neige, de brume ou de pluie et aussi les nuits de pleine lune.
Le Hon-do du Kiyomizu-dera en automne vu par :
A gauche Yokouchi Kiyoharu (1870-1942), au centre : Okumura Koichi (1888-1976) et à droite : Kusaka Kenji (artiste contemporain né en 1936)
Kawase Hasui est un maître du mouvement de renouveau de l'estampe : Shin-Hanga
Il inspira fortement l'artiste français Henri Rivière
De gauche à droite et de haut en bas :
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