La Maison-musée de Kawai Kanjirō

Mardi 17 Novembre

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Après le Sanjūsangen-dō, c'est une tout autre atmosphère qui nous attend. Avec Shinpeï, notre "guide" d'un jour, nous nous dirigeons plein nord. Après environ 20 minutes de marche nous nous engageons dans une petite rue.

Mélange de maisons traditionnelles, en bois et torchis, et maisons récentes en béton. Rien de particulier n'indique cette maison-musée cachée dans cette ruelle étroite à Gojo-zaka, du célèbre potier, poète, écrivain, sculpteur, Kawai Kanjirō (河井 寛次郎), si ce n'est une pancarte en bois avec son nom... calligraphié par Munakata Shiko -peintre et ami-  et sculpté par Kuroda Tatsuaki - menuisier et artiste laqueur.

 

Le "musée" ferme ses portes à 17 heures. Nous avons environ deux bonnes heures devant nous pour goûter non seulement le charme de cette maison, mais son pouvoir de nous faire remonter le temps tout en se fondant un instant  dans le cadre de vie simple et inspiré de Kawai Kanjirō.

569 Kanei-cho, Gojozaka Higashiyama-ku, Kyoto. Crédit photo Google street view @2017 Google
569 Kanei-cho, Gojozaka Higashiyama-ku, Kyoto. Crédit photo Google street view @2017 Google

Kawai Kanjirō, 河井 寛次郎, (1890-1966), fils d'une famille de charpentier, fut potier, céramiste, calligraphe, graveur, poète, philosophe… Il fait partie de ces personnages insaisissables.

 

Membre du mouvement mingei dit de "l’art populaire ", initié par son ami YANAGI Soetsu (1889-1961) en 1926, il fait l’apologie de la simplicité, du naturel, de l'utile et de la qualité.

Ses œuvres ne sont jamais signées : "mon travail, lui-même, est ma meilleure signature".

 

"Chaque œuvre d'art appartient à tout le monde car chaque personne voit en elle ce qu'elle veut". 

 

Sa maison, ainsi que l'atelier attenant, restaurée et ouverte depuis peu en tant que musée, tenu par des parents de l’artiste, est l'expression ultime de sa perspective sur une vie qu'il aimait et embrassait pleinement.

Certains de ses travaux et ses collections d’art populaire y sont présentés dans des pièces arrangées selon les deux styles, tradition et touche de modernisme.

 

site http://www.kanjiro.jp/

Dès l'entrée dans la semi obscurité, nous sommes accueillis par un chat, le gardien de la maison.

Gardien ou réincarnation de l'homme qui vécut ici ? Ce chat, qui répond au nom de Eki-Chan, est arrivé un jour dans la maison et s'y est installé...

Eki-Chan, le chat de la maison de Kawai Kanjirō
Eki-Chan, le chat de la maison de Kawai Kanjirō

Un très petit groupe de touristes terminent sa visite : nous serons seuls. Comme toute maison traditionnelle, le chauffage était (et est toujours) inexistant... hormis l'âtre (Irori) où une bouilloire est suspendue à une crémaillère (jizai-kagi) dont le contrepoids est en général sculpté en forme de poisson.

Dans cette pièce centrale, un poêle à pétrole en cuivre surmonté d'un plateau (pour maintenir une boisson chaude je suppose) apportait cependant une touche "moderne" de confort (mais il est éteint...).

Mais ne nous leurrons pas : les pièces sont froides. Sinon glaciales... Et pourtant tellement chaleureuses!

 

C'est la famille elle-même de Kawai Kanjirō, une famille de charpentiers donc qui construisit en 1937 cette maison selon ses indications et désirs. 

Et au-delà des objets, qui sont le reflet de qui fut Kawai Kanjirō, l'endroit est empli de convivialité qui découle sans aucun doute de sa générosité et de son ouverture d'esprit.

On est accueilli. 

 

Un petit chien sculpté, servant d'accoudoir, est creux : Kawai Kanjirō y "stockait" des friandises dont des kakis séchés...

Le chien aux friandises...
Le chien aux friandises...

Nous quittons l'entrée et poursuivons vers les ailes de la maison construite autour d'un jardin intérieur où Kawai Kanjirō aimait travailler lorsque le temps le permettait. Nous ne nous assiérons pas sur les coussins en paille tressée... la pluie continue de tomber... 

Pièces à vivre, de réception, bureau, méditation... Et toujours l'intercommunication entre dedans et dehors 

Au fond du jardin, l'atelier du potier avec un maneki-neko de pierre qui salue les arrivants de sa patte gauche, devant la porte.

A l'intérieur, une première pièce accueille un mini four destiné au kami : un gohei (御幣) ceint son "front" d'une guirlande de paille torsadée (shimenawa) et de bandes de papiers blancs pliés en zigzag selon la tradition shinto (shide). Nous sommes entre deux mondes : le matériel et le spirituel. De la terre naîtra l'objet... L'entre-deux est dans la création.

L'atelier conserve ses tours, à ras du sol, encadré de bois polis aux couleurs dorés, des outils rangés, quelques pots, des essais de céramiques colorés, des dessins d'étude, des placards, et une calligraphie. 

Son four a été préservé, derrière l'atelier, abrité par de longues toitures.

C'est un four de type "anagama" dont la chambre unique, en escalier et la haute cheminée assurent un excellent tirage. Il permet des cuissons plus rapides et une moindre consommation de combustible. Le four de ce type a été Introduit durant le XVIe siècle (Dynastie Ming).

Une utilisation dure 48 heures et consomme néanmoins plus de 2 000 bûches de bois. La température intérieure peut atteindre les 1 350°C.

(sources Wikipedia)

Nous revenons ensuite vers la maison principale et montons à l'étage. 

Il est 17 heures. Nous n’avons pas vu le temps passer.

Nous reprenons nos chaussures et nos parapluies. Envie d'un bon chaï bien chaud et bien parfumé  sur les bords de la Kamo Gawa où Shimpeï a repéré grâce à son guide en japonais un petit "café" branché avec vue sur la rivière.

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