Gion  (祇園) et les Temples

Artisanat de Kyōto : le Chirimen

La Kamo-gawa
La Kamo-gawa bordée par les maisons traditionnelles

Après avoir traversé la Kamo-Gawa, nous continuons sur la Shijō-Dori, faisons du lèche-vitrine et entrons même dans quelques boutiques.

Nous nous attardons dans un magasin de chirimen où sont exposés de petits objets fabriqués selon cet artisanat traditionnel à base de crêpe de soie.

Le chirimen apparaît au cours de l’ère Tensho (1573-1592). C'est dans le crêpe de soie que l'on fabrique en effet les kimonos les plus raffinés.

Dans le même temps, des accessoires, des jouets et des poupées sont réalisés avec les chutes de tissu : le Chirimen Zaiku. 

Nous nous laissons tenter par quelques bricoles, porte-monnaie, pince à cheveux, strap pour téléphone...

le Yasaka-Jinja (八坂神社)

Nous arrivons ainsi jusqu'à l'entrée d'un temple shintō : le Yasaka-Jinja, dédié à Susanō, dieu des océans, le grand sanctuaire de Gion, où se déroule, pendant la nuit du 16 au 17 juillet, l'un des trois grands festivals (matsuri) du Japon : le Gion matsuri (祇園祭). Le 17 juillet 33 chars partent du Yasaka-jinja  au son des flûtes, des tambours et des gongs...

Le Yasaka-Jinja - à droite estampe de Kawase Hasui

Le sanctuaire héberge des dizaines de lanternes blanches que berce le vent.

Les visiteurs japonais font tinter de gros grelots pour accompagner leurs prières. 

En cette grise journée d'automne, il pleut et tout est calme. Pluie fine, presque douce : une sorte de langueur qui enrobe chaque chose. Les toits de tuiles grises brillent doucement... Odeur de mousse humide.

 

De gros corbeaux noirs sautillent sur la pelouse ou de branches en branches : ils nous observent de leurs yeux, billes rondes d'obsidienne... croassent parfois de leur voix rocailleuse et grave. Ils font presque peur...

Ruelles de Gion

Nous quittons l'enceinte du sanctuaire de Yasaka et empruntons les ruelles de Gion.

Sous la pluie...

Ce quartier a été construit au Moyen-Age, afin de servir de halte aux voyageurs et visiteurs du sanctuaire.

Il est devenu célèbre par la suite pour ses "geishas" appelées ici : Geiko (un enfant des Arts, ou une dame d'Arts). Contrairement à la pensée commune et occidentale les "geishas" ne sont pas des prostituées et encore moins de "curieux animaux" à photographier ! Ce sont des artistes.

Gion sous la pluie d'automne - dernière photo : Hanamikoji Dori et au loin l'entrée du Kennin-Ji

 

Les maisons de Gion sont petites, en général en bois, et sur un seul étage. Il en existe de deux sortes : la "maison urbaine" : machiya, et la "maison de thé" ochaya.

Elles sont construites en profondeur et ne présentent qu'une façade étroite sur la rue : c'était pour éviter de payer trop d'impôts puisqu'il était calculé sur la longueur de la façade...

kamon du clan Toyotomi
kamon du clan Toyotomi

Le quartier a été classé au patrimoine historique du Japon et l'on s'efforce d'enterrer les lignes électriques et téléphoniques pour en préserver l'aspect traditionnel (ce qui n'était pas encore tout à fait le cas en 2009).

  

Au sortir de "Gion Corner", sur la Hanami-kōji Dori, nous apercevons au loin, tout au bout d'une allée bordée d'un muret surmonté de tuiles grises vernis, brillantes sous la pluie et sur lesquelles flambent des feuilles rouges déposées par le vent, l'entrée du temple Kennin-Ji : un portique sombre avec un rideau blanc orné du kamon en forme de fleur de paulownia, emblème du clan Toyotomi.

Le Kennin-ji  (建仁寺)

L'entrée, moyennant ¥500 (moins de 4 €) , se fait par l’ancienne cuisine du Temple. Et les photos sont, pour une fois, autorisées !

Le Kennin-ji est avec le Shofuku-ji l'un des plus anciens temples zen du Japon.

C'est en fait, comme souvent, un vaste complexe de temples. Actuellement, après de nombreux incendies et reconstructions, il subsiste trois temples principaux et plusieurs petits sous-temples.

 

Il a été fondé en 1202 par le moine Eisai, appelé aussi Yōsai (1141-1215) à la demande de Minamoto no Yoriie.

Après un voyage en Chine, Eisai rapporta en 1191 le bouddhisme Chan, qui deviendra au Japon Bouddhisme Zen, et il fonda l'école Rinzaï.

C'est également lui qui ramena de Chine des graines de thé... 

Le Kennin-ji est le temple principal de l'école zen Rinzai. Il est l'un des cinq grands temples de Kyōto (gozan 五山) et contrôle actuellement presque 70 temples annexes.

 

Voir la carte interactive du Kennin-Ji ->  ICI

Les 3 jardins zen

Le Kennin-ji en son ensemble, invite à la méditation, et ses trois jardins y sont pour quelque chose !

  • Le Daiō-en, (littéralement grand jardin) est un jardin sec (kare-sansui, littéralement : montagnes et eaux sèches) composé de pierres, rochers et graviers 
  • Le Chō-on-tei : le "jardin du son de la marée" une cour carré de mousse et rochers : au centre, les roches dressées représentent le Bouddha et deux disciples : le San-zon-seki. A côté le Zazen-Seki : une pierre plate pour la méditation assise.
  • Le △○ no niwa : ce jardin intimiste inspiré par le maître Zen Sengai Gibon, qui fut un des moines du Shofukuji, également fondé par le moine Eisai, nous dit que toutes les choses de l'univers sont représentées par ces trois formes. Le ○ signifie l’eau, △ signifie le feu et □ signifie la terre : on retrouve ces trois formes dans ce petit jardin.

L'aménagement des bâtiments permet de s'asseoir régulièrement, afin de prendre son temps pour admirer la beauté des jardins sous tous les angles. (sources Site officiel du Kennin-Ji)

 

Le Daiō-en  (le Grand Jardin) devant le Hōjo

Petit sous-temple
Petit sous-temple

Le Chō-on-tei (le jardin du bruit de la marée)

Le □△○ no niwa (le jardin du carré, triangle, cercle)

Il fut inspiré par la célèbre calligraphie de Sengai Gibon

Calligraphie du maître Zen Sengai Gibon
Calligraphie du maître Zen Sengai Gibon

Entre dedans & dehors

Le Hōjo (bâtiment principal)

Le Hōjo se structure en allées et terrasses couvertes et ouvertes sur les jardins, donnant ainsi la lumière aux grandes salles qui devaient servir de lieu de réunions, ou de méditation, et abritaient probablement aussi  les dortoirs des moines.

 

C'était le quartier de l'abbé et des moines. 

 

Dans l'immense "chambre" de l'abbé on peut voir quelques objets ancien ainsi qu'une peinture représentant le fondateur, le moine Ensaï, et sur une fusuma (cloison coulissante) une exacte reproduction du "dragon nuage" dont l'original a été peint par Kaiho Yusho pendant l'ère Momoyama .

 

Un des "trésors" du Kennin-ji est dans le Hōjo, sous vitre : c'est la représentation sur paravent, des Dieux Fūjin et Raijin (Dieux du Vent et du Soleil), sur feuille d'or, par l'artiste SŌTATSU Tawaraya (1600-1640), une oeuvre considérée comme la quintessence du travail de Sōtatsu.

Les Dieux du Vent (Fujin) et du Soleil (Raijin) - peinture de Tarawaya Sotasu - Période Edo)
Les Dieux du Vent (Fujin) et du Soleil (Raijin) - peinture de Tarawaya Sotasu - Période Edo)

Le Hatto (Dharma Hall)

Le Hatto
Le Hatto

L'autre trésor est dans le Hatto (Dharma Hall) : c'est le plafond des Dragons Jumeaux, réalisé par KOIZUMI Junsaku, peintre et potier. L'artiste mit deux ans à le réaliser. Il a été créé dans le gymnase d'une école primaire à Hokkaido puis transporté et installé dans le Hatto (grande salle de prières) du Kennin-ji, en avril 2002 pour célébrer les 800 ans du temple.

Cette oeuvre impressionnante mesure 11.4m par 15.7m (soit a taille de 108 tatamis) et est dessiné avec l'encre la qualité la plus fine et sur du papier japonais traditionnel épais.

Le dragon symbolise la pluie des enseignements bouddhistes.

 

Pour se rendre au Hatto, il faut emprunter une allée, passer des portillons et traverser une allée publique.

Bien sûr des "sandales" sont fournies (en horrible plastique vert !)...

On passe ensuite à côté d'une cloche de bronze abritée dans sa guérite de bois, on pénètre alors dans une pièce sombre, très haute de plafond.

Des statues de Dharma doré brille dans la semi-obscurité et des lustres "chinois" pendent du plafond...

et c'est là qu'on se rend compte qu'il faut lever le yeux car c'est en haut que cela se passe !

Le plafond des deux impressionnants dragons !

Après cette magnifique et terrible vision, j'ai besoin d'une pause... Je ne sais si ce fauteuil appartenait à un dragon ou à un moine, mais mes pieds ont du mal à toucher terre et je me sens à peu près comme un hobbit dans un monde de géants !

Un hobbit dans le Dharma Hall
Un hobbit dans le Dharma Hall

Nous allons déposer nos pantoufles vertes en place et reprendre nos chaussures, et, glacées par l'humidité et le froid, affamées par l'heure tardive et fatiguées par nos déambulations et découvertes, nous sortons de l'enceinte du Kennin-ji pa la porte principale et regagnons la Shijō Dori où nous espérons trouver encore un restaurant, pas trop cher, ouvert.

san-mon (三門) porte principale
san-mon (三門) porte principale

Set d'automne sur la Shijō Dori

Nous marchons vite et cela nous réchauffe un peu. La pluie n'a pas cessé...

Nous n'aurons pas à aller bien loin ! Un hôtel et son restaurant propose des "bento" d'automne qui nous paraissent appétissants et bon marché (¥1300 - soit environ 10 €) !

C'est au premier étage.

La salle est horriblement vieillotte et de style occidental des années 50 ! Mais pourquoi pas !

Impression d'être dans un film...

Nous sommes accueillies par le maître d'hôtel, un vieux monsieur aux tempes grisonnants, très "classe", aimable et souriant.

Après nous avoir débarrassées de nos vestes, parapluies et sacs divers, il nous installe près des fenêtres ainsi nous avons le vue sur la rue et ses passants qui se pressent sous les corolles multicolores de leurs parapluies. Une ambiance douce et particulière, que ma fille et moi apprécions particulièrement...

Groupe de maïko (apprentis geïko) se rendant à leur école
Groupe de maïko (apprentis geïko) se rendant à leur école

Et puis, il fait bien chaud et ça sent tellement bon !

Et avec notre "set" nous avons eu droit, en plus, à un buffet de salades variées, soupes diverses, desserts et boissons chaudes et froides à volonté !! 

 

Autant dire que nous ne sommes pas fait prier !

Nous étions tellement repues que nous avons même oublié... les desserts ! 

Pendant que je me suis absentée pour aller aux toilettes, le vieux monsieur a fait un brin de conversation avec ma fille, en japonais, puis quand celle-ci a fait de même il m'a dit, en anglais, qu'elle parlait vraiment très bien ! J'étais très fière d'elle... Mais chut !

 

Après cet intermède culinaire, goûteux et ravigotant, nous sommes reparties, en bus, pour nos pérégrinations, toujours sous la pluie, vers le Sanjūsangen-dō, le temple des 1001 bouddha... où nous avons rendez-vous avec Shinpeï.

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